La faiblesse de la gouvernance institutionnelle existait bien avant le soulèvement politique de la Tunisie en 2011, et plusieurs tentatives de restructuration du secteur bancaire ont déjà eu lieu.
En 1994, une loi a été promulguée pour réorganiser le marché boursier sous l’égide des bailleurs de fonds – le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Union européenne – dont les prêts étaient subordonnés à des réformes.
En 2005, une législation sur le renforcement de la sécurité financière visait à mieux équilibrer le cadre législatif et à améliorer la gouvernance d’entreprise.
La nécessité de promouvoir la gouvernance bancaire devient évidente lorsqu’on examine certaines statistiques. Le nombre élevé de prêts non productifs consentis par les banques publiques, par exemple, et la proportion importante de membres des conseils d’administration des banques qui exercent également des fonctions politiques.
La révolution tunisienne a ouvert des perspectives prometteuses. En théorie, une nouvelle démocratie, la liberté et la bonne gouvernance auraient dû encourager l’entrepreneuriat et l’investissement.
Au lieu de cela, la croissance économique a stagné en 2011, entraînant une hausse du chômage et une augmentation de la nécessité d’une aide extérieure pour couvrir le déficit budgétaire de l’État.
Les attaques terroristes qui ont frappé la Tunisie au cours des dernières années, aggravées par des épisodes de violence dans les pays voisins, l’Algérie et la Libye, n’ont pas non plus contribué à la situation.
Les problèmes d’avant 2011 en Tunisie se sont également aggravés, notamment la montée de l’économie informelle, la contrebande et la propagation de la corruption.
Grâce à la politique monétaire post-révolutionnaire de la Banque centrale tunisienne, les banques ont eu accès à la liquidité nécessaire au financement de l’activité économique du pays. La crise a ainsi eu un effet limité sur les entreprises tunisiennes en allégeant leurs obligations financières et le système bancaire tunisien a su maintenir sa fiabilité.
Il ne fait aucun doute que le niveau élevé de la dette publique de la Tunisie – qui devrait atteindre 58% cette année – joue également un rôle central dans les troubles du pays.
De plus, les retraits de comptes ont atteint de nouveaux sommets, laissant au secteur bancaire un énorme déficit de liquidité. Depuis la révolution, les particuliers et les entreprises privilégient l’argent ou les investissements plutôt que de garder leur argent dans des comptes bancaires réguliers.
Ce déficit structurel a nécessité l’intervention de la BCT sous la forme d’importantes injections de capitaux qui ont accru son risque de crédit et entraîné une baisse significative des réserves internationales.
La BCT a réduit de 12% à 2% la réserve obligatoire pour les dépôts de moins de trois mois et de 1,5% à 0% pour les dépôts entre trois et 24 mois, ce qui a permis de réduire le solde courant des banques.